Lettre du 12 mai 1681

Lettre du 12 mai 1681 de Louvois à Saint-Mars

 

« J’ai lu votre lettre du 3 de ce mois, par laquelle Sa Majesté ayant connu l’extrême répugnance que vous avez à accepter le commandement de la citadelle de Pignerol, a trouvé bon de vous accorder le gouvernement d’Exiles, vacant par la mort de Monsieur le duc de Lesdiguières, où elle fera transporter ceux des prisonniers qui sont à votre garde, qu’elle croira assez de conséquence pour ne pas les mettre en d’autres mains que les vôtres.

Je demande au sieur du Chaunoy d’aller visiter avec vous les bâtiments d’Exilles et d’y faire un mémoire des réparations absolument nécessaires pour le logement des deux prisonniers de la tour d’en bas qui sont je crois les seuls que Sa Majesté fera transporter à Exilles. Envoyez-moi un mémoire de tous les prisonniers dont vous êtes chargé et marquez-moi à côté ce que vous savez des raisons pour lesquelles ils sont arrêtés. A l’égard des deux de la tour d’en bas vous n’avez qu’à les marquer de ce nom, sans y mettre autre chose.

Le roi s’attend que, pendant le peu de temps que vous serez absent de la citadelle de Pignerol pour aller avec le sieur du Chaunoy à Exilles, vous mettiez un tel ordre à la garde de vos prisonniers qu’il n’en puisse mésarriver d’aucun, et qu’ils n’auront pas plus de commerce avec qui que ce soit qu’ils n’en ont eu depuis que vous en êtes chargé. »

(Service Historique de l’Armée de Terre (Vincennes) – série A1 Vol.654 p.232)

Commentaire

Il semble que le moral de Saint-Mars s’est mal accommodé de la servitude dans laquelle l’a plongé la garde des messieurs de la tour d’en bas. Que l’on songe qu’il est obligé de leur porter leur nourriture chaque jour sans éveiller l’attention de personne. Qu’il ne peut s’absenter de Pignerol, sinon ses prisonniers mourraient de faim. Peut-être même n’a-t-il pas bonne conscience de devoir vivre ainsi dans la dissimulation de cette séquestration arbitraire.

Certes, l’ordre de les incarcérer et de cacher leur existence au reste du monde lui a été présenté comme émanant de la volonté du roi (voir la lettre du 8 avril 1680 – page 1) mais est-ce bien le cas ?

Quoiqu’il en soit, ses lettres à Louvois doivent trahir assez sa lassitude pour que celui-ci cherche à lui remonter le moral par le biais d’une brillante promotion : le commandement de la citadelle de Pignerol !

Le 3 mai 1681 Saint-Mars déclinait la proposition et Louvois a compris qu’il faut trouver une solution qui permette au geôlier de garder les messieurs de la tour d’en bas dans de meilleures conditions. Dans cette lettre du 12 mai, il a trouvé la solution.