Lettre du 12 mars 1680 de Louvois à Saint-Mars
A Soissons ce 12 e mars 1680
J’ay receu vostœ lettre du 24 du
mois passé avec le mémoll?
qui y estoit joint escrlt de vostœ
main du contenu auquel je vous
prie de ne point dire a mr de
Lauzun que vous m ‘ayez fait
part,
L’intention du Roy n ‘est point
que vous payez a mons.r foucquet
les gages de celuy de ses vallets
qui est mort
M LOUVOIS
Commentaire
Depuis 1825, date où Joseph Delort l’a publiée dans sa Détention des Philosophes et gens de lettres, cette lettre est restée ignorée du public mais non des spécialistes de l’énigme, alors qu’elle est d’un intérêt primordial pour la compréhension de l’énigme. Alors pourquoi en avoir caché l’existence ?
Depuis une cinquantaine d’années, la thèse faisant d’Eustache Danger le Masque de fer est fort prisée on peut même dire qu’elle est rabâchée dans les magazines historiques, dans les émissions de radio et à la télévision. Stéphane Bern l’a présentée dans Secret d’histoire comme « la solution définitive de l’énigme». Un mois avant cette émission à grande audience, j’ai remis une copie de cette lettre à une collaboratrice de Stéphane Bern afin qu’ils la lui remettent.
Qu’a donc d’extraordinaire cette lettre du 12 mars 1680 ? C’est bien simple, elle est la condamnation de la thèse Eustache Danger-masque de fer.
Cette thèse qui a pour principal défenseur l’historien Jean-Christian Petitfils repose sur le principe que le prisonnier conduit sur l’île Sainte-Marguerite en 1687 est l’ancien valet de Fouquet Eustache Danger, qui vient de séjourner plusieurs années à Exilles avec son camarade La Rivière, un autre valet de Fouquet décédé en janvier 1687.
Or la lettre du 12 mars 1680 apporte la preuve qu’il ne pouvait y avoir deux valets. Elle met en lumière une incroyable supercherie dont s’est rendu coupable Louvois.
Cette supercherie a pour point de départ la lettre de Louvois à Saint-Mars du 8 avril 1680, connue pour être en quelque sorte l’acte de décès de Fouquet et l’acte de naissance de l’homme au Masque de fer.