Présentation

Après de nombreuses années de recherche et de réflexion, je souhaite vous faire partager le fruit de mes découvertes autour de la célèbre énigme historique du Masque de fer.

Le Masque de fer était-il un modeste valet et l’affaire se réduit-elle à une comédie, comme le concluaient Stéphane Bern et l’historien Jean-Christian Petitfils dans Secrets d’histoire ? Etait-ce au contraire, comme d’autres le pensent, un personnage de grande importance ? Telles sont les deux thèses qui s’affrontent encore de nos jours.

L’objectif de ce site est double :

puce Pour celui qui souhaite se faire une opinion par lui-même, j’établis une chronologie des faits et documents dont on dispose de nos jours, y compris certains non dévoilés jusqu’ici. Il ne reste au lecteur qu’à suivre ce fil conducteur.

puce Pour celui qui souhaite connaître mes conclusions, je produis le synopsis de ma thèse.

Enfin, pour ceux qui voudraient découvrir l’aventure détaillée de ma recherche, et comment d’une démarche personnelle j’en suis arrivé à participer à une émission sur France Inter et une autre sur Secrets d’histoire, je suis en train d’écrire un ouvrage que vous pourrez bientôt vous procurer.

A tous, je souhaite le plaisir de la découverte.

Claude Dabos

35 réflexions sur « Présentation »

  1. Mr Dabos je me permets de vous réécrire, j’ai pu me rendre en ce mois de novembre aux archives nationales, j’ai lu la lettre du 12 mars 1680 qui remet en cause la thèse de Danger comme masque de fer néanmoins, j’ai vu d’autres lettres dont une du 21 février 1680 où Louvois dit à Saint Mars que le roi ne voit pas d’inconvénient à ce que Mr de Largouet se trouve enfermé dans le donjon de Pignerol. Or si on tape Largouet sur Google, on voit qu’il existe un Largouet né en 1642 et mort en 1680, qui possédait un château dans le Morbihan. Pourriez-vous me dire ce que vous savez de ce personnage? Merci de votre réponse.

  2. Bonjour Monsieur,
    Je possède les deux tomes du Louis XIV de A. Dumas, édition de 1850. A la fin du second tome, deux pages double manuscrites ont été insérées. Il s’agit de notes prises par Dumas et qui portent sa signature. Elles relatent avec beaucoup de détails la thèse développée ensuite par l’écrivain.
    Je tiens ces documents à votre disposition.
    Cordialement
    Elgi

  3. Bonsoir Monsieur,
    Toute ma gratitude pour le partage de ce remarquable travail d’investigation.
    Passionné aussi par cette énigme de l’Homme au masque et habitant un village des Hautes Alpes situé sur l’itinéraire Exilles / île Sainte Marguerite et traversé par Bénigne de St Mars et ses « deux merles », lorsqu’il est parti prendre le poste de Gouverneur de la prison royale de l’île Ste Marguerite en avril 1687, j’ai lu à différentes reprises (ouvrage de J.C. Petitfils, M. Delorme…), que ce « détachement » un peu spécial s’était arrêté à Briançon le 19 avril au soir, à Guillestre le 20 avril au soir, le 21 à Embrun, et le 25 avril à Dignes avant de gagner la route de Grasse… Ces auteurs ne citent pas leurs sources et pas moyen de leur demander…
    Aussi, à la lecture de votre enquête exhaustive, j’ai pensé que vous aviez peut être eu accès aux sources en question, ayant permis, pour ces auteurs d’avancer ces dates si précisément…? (Il y a, en effet, à Guillestre, une rue des masques… Coïncidence historique… Hasard ?)
    En vous remerciant pour votre réponse et ce site passionnant et qui plus est, interactif, grâce à ce forum !
    Cordialement
    Yann

    1. Je vous remercie pour votre questionnement sur la chronologie des étapes qui ont essaimé le parcours d‘Exilles à Sainte-Marguerite de Saint-Mars, de sa famille, de sa compagnie franche, de l’homme au masque et des 4 porteurs de sa chaise (turinois ou savoyards). Si l’on se base sur l’ouvrage de J.Ch. Petitfils, le convoi – parti d’Exilles le 17 avril – fit étape à Oulx, parvint à Briançon le 18, à Guillestre le 19, « vraisemblablement le 21 à Embrun, et le 22 à La Bréole ». Suivit une halte le 23 à Seyne, puis au Vernet le lendemain. Le 25 au soir, la troupe logea au château de Digne. Puis elle emprunta le « Grand chemin » (de nos jours « route Napoléon ») dont les étapes étaient Chaudon, Barème, Senez, Castellane, Séranon et Grasse et parvint à Cannes le 30 avril.

      Je pense que les étapes citées ci-dessus ont été reconstituées selon un certaine logique, en l’absence de données émanant de la correspondance de Saint-Mars. Seules les dates de départ et d’arrivée sont connues avec certitude. Ce flou n’est pas surprenant. En effet, « dans les consignes qu’il avait reçues, Saint-Mars avait reçu ordre de ne laisser aucune trace de son passage et c’est la raison pour laquelle il est difficile de découvrir des renseignements précis sur son « voyage » » (Actes du colloque international sur le Masque de fer tenu à Cannes en 1987, page 140). Une fois arrivé, Saint-Mars se contente d’écrire le 3 mai à Louvois : « Je n’ai été que 12 jours en chemin ». On en sait plus sur l’étape de Briançon parce qu’il a été conservé dans les Archives de cette ville un inventaire précis des frais causés par le passage de Saint-Mars et cela donne : « Le 18 avril la compagnie de Saint-Mars ayant séjourné, 18 et 19 avril, avec 1 capitaine, 2 lieutenants, 2 sergents et 43 soldats, avons payé 362 rations tant pour les hommes que pour les chevaux » (Article 83 des comptes des consuls de 1687, série EE156.)

      Une question se pose : qu’est-il advenu des chevaux après leur arrivée à Cannes ? Ont-ils été transférés sur l’île Sainte-Marguerite ?

      1. Cher Monsieur,
        Sincères remerciements pour toutes ces précisons qui clarifient le déroulé de l’itinéraire emprunté par l’homme au masque et son geôlier (..et son escorte).
        J’avais aussi lu dans un ouvrage dont je ne me souviens plus du titre (ancien ?) qu’ils s’étaient arrêtés dans leur descente sur Cannes, dans une auberge de Saint Vallier, près de Grasse (aujourd’hui saint Vallier de Thiey) et que des témoignages de personnes ayant vu un homme avec un masque de fer auraient été recueillis… Est ce la même source que la gazette manuscrite de Mgr Fouquet du 4 septembre 1687…?? Ou est ce un autre témoignage . ?
        Un grand merci pour ces échanges.
        Cordialement,
        Yann

  4. Mr Dabos , je vous invite à lire attentivement le livre de Mr Claude Amato «  » l énigme de l homme au masque de fer «  » parut aux éditions Edilivre .
    Sa thèse est proche de la vôtre, comme celle bien entendu de Mr Arrese ; mais elle est bien plus affinée dans son aspect psychologique. L étude approfondie de toutes les lettres met à mal beaucoup d idées préconçues pour finalement donner un aspect beaucoup plus rationnel à ce qui a du vraiment se passer à cette époque tant à Pignerol, Exiles , Ste Marguerite et pour finir à la Bastille .
    Fouquet est évidement le centre névralgique de cette énigme, mais Mr Amato est beaucoup plus proche de toutes les hypothèses émises jusqu- à ce jour .
    Je vous invite donc à le lire .
    Cordialement .

    1. Mr Amato,

      Vous me conseillez de lire votre ouvrage. Celui-ci est en vente à l’impression à la demande sur Edilivre au prix de 34€ (+ frais d’impression et d’expédition).

      Peut-être serait-il opportun de faire d’abord bénéficier les lecteurs de mon site (de consultation gratuite) et moi-même d’un peu plus d’éclairage sur les conclusions de votre enquête et le procédé qui vous a permis de ranger l’énigme du Masque de fer parmi les affaires classées…

      Merci d’avance

      1. Mr Dabos ,
        Il n y a aucun procédé de ma part d avoir mis en sous-titre de mon ouvrage  » affaire classée  »
        Ce n est pas comme on le dit communément un sentiment d avoir mis à jour cette énigme.
        Je ne vous force pas à le lire, mais je pensais que vous pouviez être intéressé tout simplement.
        Quand à lire un passage de mon ouvrage, il vous suffit ( gratuitement ) de vous rendre sur le point de vente en ligne de mon ouvrage  » l énigme de l homme au masque de fer -Claude Amato  » .
        Je vous souhaite une bonne lecture .
        Cordialement .

        1. Monsieur Amato,

          J’ai lu votre préambule, seul extrait gratuit de votre livre.

          Je n’y observe rien qui puisse alimenter le débat.

          Ce site est dédié, je me permets de le rappeler, d’une part à mon étude que j’offre aux lecteurs, d’autre part à un éventuel échange d’idées avec ces derniers.

          Cordialement

  5. Si on replace les lettres de Nicolas Fouquet dans leur contexte on peut essayer de tracer une chronologie.
    1672 28 mars début de la guerre de Hollande
    1672 octobre le roi autorise Mme Fouquet à écrire à son mari
    1673 14 janvier Fouquet N dit qu’il a une chose importante à dire au roi, une affaire d’état
    1673 février mars Fouquet N rédige deux mémoires dont Louvois ministre des armées fait brûler des pages devant lui.
    1674 avril la taxe sur les papiers timbrés est créée.
    1674 27 juin la marine hollandaise tente de prendre contact avec des Bretons à Belle-Île, mais les habitants ont refusé de rencontrer les hollandais, ils ont de plus affirmé leur loyauté au roi…( Source la révolte du papier timbré)
    1675 26 au 30 mars la révolte du papier timbré débute â Bordeaux (Basile Fouquet a été exilé en Guyenne, n’oublions pas qu’il a été espion, chef de la police de Mazarin.)
    Elle se propage à la basse Bretagne
    1675 18 décembre Fouquet N revient à la charge. Nouveau refus de Louvois
    1677 Mme Fouquet et son fils rendent visite à la Montespan, peu après la condition carcérale de Fouquet N s’assouplit
    1678 17 septembre traité de Nimègue qui marque la fin de la guerre de Hollande dont la France sort grandie
    1678 Basile Fouquet voit son exil levé, il se retire à l’abbaye bénédictine de Barbeau, lui le mauvais sujet
    1679 les faveurs envers N Fouquet s’amplifient d’année en année . La famille du prisonnier est invitée à séjourner au donjon.
    Jusqu’en août où il se passe un événement si important que Saint mars n’ose le dire â Louvois. Et qu’il y a-t-il de plus important pour un prisonnier que d’essayer de s’évader? Après que s’est-il passé, on ne peut que faire des hypothèses. Nicolas s’évade-t-il alors que Basile est pris.
    Toujours est-il que l’orgueil de Louis quatorze en prend un coup, Nicolas étant mort en janvier 1680 à l’abbaye de Barbeau, il faut étouffer l’affaire et châtier le responsable, ainsi nait le masque de fer. C’est une hypothèse. Une simple hypothèse qui mérite à être explorée.

  6. Bonjour, et que sait-on sur les agissements de Basile Fouquet entre son exil en Guyenne et son retour à l’abbaye de Barbeau? Pourrait-il avoir joué un rôle dans la révolte du papier timbré, qui a commencé en 1675, en pleine guerre de Hollande et s’est étendue jusqu’en basse Bretagne? J’ai cherché sur internet et je n’ai rien trouvé. Sur un site consacré à cette révolte, ils disent que des navires Hollandais se seraient approchés de Belle-Île pour des pourparlers avec les chefs des émeutiers mais qu’ils auraient échoué. De plus pouvez-vous me confirmer que Basile et Nicolas sont bien enterrés tous les deux dans la crypte du couvent des filles de la Visitation Sainte-Marie de la rue Saint-Antoine (actuel temple du marais, 17 rue Saint-Antoine, Paris 4.) Merci pour votre merveilleux site.

    1. Bonsoir, j’ignore le rôle qu’a pu jouer Basile Fouquet dans la révolte du papier timbré, ne possédant aucune documentation sur le sujet. En ce qui concerne son lieu d’inhumation et celui de Nicolas, il existe à Paris dans l’Église de la Visitation une crypte où sont réunies les dépouilles de plusieurs membres de la famille Fouquet. Chargé en 1838 de « Recherches relatives à l’époque et au lieu de la mort et de la sépulture du surintendant Fouquet » le Dr Gaultier de Claubry et l’architecte de la Ville de Paris Dubel firent l’inventaire des cercueils déposés dans ce caveau de famille. On y retrouva sept cercueils. L’un portait le nom de Basile. Aucun celui de Nicolas. Il y avait non loin de là un cercueil anonyme, mais on en avait retrouvé un autre en 1837 provenant d’autres secteurs de l’Église. En approfondissant mes recherches, j’ai relevé d’énormes contradictions dans les témoignages de ceux qui ont procédé aux recherches d’identification.

      Je vous remercie pour vos commentaires et vos questions, c’est l’occasion d’un échange intéressant.

  7. Pardon d’insister, mais Basile Fouquet a été exilé en Guyenne où il y a eu une révolte en 1675 en pleine guerre de Hollande, guerre de Hollande qui s’est déroulée de 1672 à 1678 se concluant par le traité de Nimègues.
    Et si Nicolas Fouquet avait été au courant d’un complot? Et si Basile avait joué un rôle?
    Vous dites que si Louvois a fait disparaître Nicolas Fouquet c’est pour taire un secret, mais il y a un problème, les conditions de détention de Nicolas Fouquet s’étaient tellement assouplies, sa famille ayant le droit de venir le voir, ce secret n’aurait eu aucun mal à se diffuser.
    De quoi Lauzun et Nicolas Fouquet pouvaient-ils parler? De quoi parlent d’eux détenus? Peut-être d’une manière d’évasion? Lauzun n’avait-il pas déjà essayé ? Que s’est-il passé en août 1679? Et pourquoi pas l’évasion de Nicolas Fouquet qui à partir de ce moment est remplacé par son frère, c’est Nicolas qui meurt en janvier 1680 à l’abbaye de barbeau.
    Le roi a été joué, il ne peut l’admettre. Que faire de Basile, si ce n’est le faire disparaître. Tout ceci est un peu romanesque, je l’avoue, ce ne sont que des conjectures. Mais cela expliquerait la lettre qui dit que le roi est au courant de la mort de Nicolas Fouquet et pourquoi sa famille n’a jamais protesté.

    1. Basile Fouquet masque de fer ? Votre hypothèse est fort ingénieuse. Une lettre de Louvois à Fouquet, datée du 6 février 1680, semble toutefois confirmer la mort de Basile : « Monsieur, j’ai appris avec bien du déplaisir la mort de Monsieur votre frère, je vous supplie d’être persuadé que je prends toute la part que je dois à la douleur que cette nouvelle vous a donnée. » En revanche la coïncidence que vous relevez entre la mort de Basile en janvier 1680 et celle, tout au moins officielle, de Nicolas en mars, peut surprendre. Basile, ancien chef de la police secrète de Mazarin, savait beaucoup de choses. Trop peut-être. Il serait intéressant de mieux connaître les circonstances de cette mort.

  8. Cher Mr Dabos, je comprends tout à fait que vous n’ayez pas publié mon commentaire iconoclaste. À votre place, je ne l’aurais pas fait non plus. J’espère simplement qu’elle vous aura fait sourire un brin. Bien à vous, Frédéric

  9. Pardonnez mon incongruité, mais j’ai une autre hypothèse :
    À quoi sert un masque ? À dissimuler, mais aussi à protéger. Par exemple :
    Gaze-t-on ? Mettez un masque.
    Le masque correspondrait donc à Gaze-t-on, qui deviendra Gaston avec le temps.
    Par ailleurs, le fer, ça conserve, ce qui explique qu’on ait pu voir ce personnage réapparaître à Marseille en 1944. Il est du reste notoire qu’il avançait masqué.
    (C’est idiot, je sais, mais je ne résiste pas. Ce qui ne retire rien à votre travail qui, on ne peut plus sérieux, lui, m’a passionné. Merci à vous, et ne m’en veuillez pas pour cette puérile facétie.)

  10. Bonjour, je me pose des questions sur un autre Fouquet, Basile, frère cadet de Nicolas, abbé qui a été chef de la police sous Mazarin, né en 1622, et mort en janvier 1680, après avoir été exilé à la chute de son frère avec lequel il était brouillé, il se retire en 1678 à l’abbaye bénédictine de barbeau. Pourrait-il avoir joué un rôle dans cette affaire? Que sait-on de lui?

  11. Bonjour Monsieur Dabos,

    Merci d’avoir partagé les fruits de votre recherche. Tout cela est très intéressant et même passionnant !
    J’ai quelques questions à vous poser (en espérant ne pas avoir raté les réponses dans vos explications).

    Louvois a déclaré de façon officielle la mort de Nicolas Fouquet et la famille de ce dernier a été autorisée à rapatrier le corps du défunt. En admettant que la mort de Fouquet soit un mensonge, la famille qui aurait dû venir voir et même récupérer le corps ne se serait-elle pas rendu compte de la supercherie ? N’aurait-elle pas crié au scandale ?

    Est-il envisageable qu’un prisonnier non cité dans votre enquête, ni dans les archives officielles, et dont la présence aurait été gardé strictement secrète, pourrait être l’homme au masque de fer ?

    Quel serait selon vous le contenu de l’éventuel secret connu de l’homme au masque de fer ? Parle-t-on d’un secret qui aurait pu nuire à une ou plusieurs personnalités de la cour, voir l’État ?

    Merci.

    Cordialement,

    Le Chat potté

    1. Merci pour votre commentaire.

      L’abondante correspondance du donjon de Pignerol de 1666 à 1681, ainsi que les états comptables nominatifs relatifs à l’entretien des prisonniers ne laissent aucune place pour un prisonnier supplémentaire dont l’existence n’a d’ailleurs jamais été évoquée. C’est pourquoi, procédant par élimination, je demeure convaincu que Fouquet a été le masque de fer.

      J’en viens à votre autre question : si la famille de Fouquet s’était rendue à Pignerol et l’avait trouvé vivant, n’y aurait-il pas eu scandale ? Bien sûr que si. Mais cela ne risquait pas de se produire car même si le roi (ignorant l’imposture) l’autorisa, Louvois se chargea de les en dissuader. A-t-il promis de rapatrier le corps à Paris l’année suivante ? C’est probable, une plaque commémorative apposée dans l’église de la Visitation à Paris affirmant que la dépouille de Fouquet y a été transférée en avril 1681. En vérité, ce transfert fit débat. Aucun journal, aucun courrier de Louvois, ni de Saint-Mars, ni de la famille Fouquet, ni de Mme Sévigné, proche des Fouquet, n’y fait d’ailleurs allusion. Le doute persistant à juste titre encore 7 ans plus tard, une commission de la Ville de Paris dirigée par le professeur Gaultier de Claubry fut chargée de faire des recherches dans le caveau de famille des Fouquet. Tous les cercueils furent examinés, toutes les épitaphes furent relevées avec soin, celle de Nicolas Fouquet manquait. Dans un 8ème cercueil, anonyme celui-là, « on trouva un corps décomposé malgré l’embaumement. Le crâne, scié dans sa région supérieure, fut prélevé et conservé par le professeur Gaultier de Claubry. Il a disparu depuis » (J.Ch. Petitfils). C’était peut-être celui d’Eustache Danger… Selon mes conclusions, et en accord avec le spécialiste italien de l’énigme, M. Mauro Maria Perrot, le corps de Fouquet repose sur l’île Sainte-Marguerite. A un endroit précis. Mais il y a interdiction de faire des fouilles.

      1. Super, merci pour votre réponse.

        A propos de votre phrase « Mais il y a interdiction de faire des fouilles. », est-ce une interdiction « officielle » en vigueur (mairie, préfecture, état, etc.) ?

        Et concernant ma dernière question : « Quel serait selon vous le contenu de l’éventuel secret connu de l’homme au masque de fer ? Parle-t-on d’un secret qui aurait pu nuire à une ou plusieurs personnalités de la cour, voir l’État ? »
        Il y a t-il des pistes ?

        1. A quatre époques successives, un document lié à Fouquet évoque un secret de grande envergure :

          1) En 1656, Louis Fouquet, de séjour à Rome, écrit à son frère Nicolas Fouquet, alors surintendant des finances : « M. Poussin* et moi avons projeté de certaines choses qui vous donneront par M. Poussin des avantages que les rois auraient grand peine à tirer de lui et qu’après lui [Poussin] personne d’autre au monde ne recouvrera jamais dans les siècles à venir. » *Ami du cardinal Rospigliosi, futur pape Clément IX

          2) En 1661, Fouquet arrêté après 4 années de dépenses pharaoniques, écrit dans ses mémoires de Défenses : « Demeurons dans le silence et le respect ne disons pas au public ce que je serais consolé de pouvoir dire à Sa Majesté en secret comme le plus important service de tous et qu’il saura peut-être trop tard ».

          Les feuillets des Défenses transitant par les mains d’Henri Le Tellier, père de Louvois, le roi eut-il connaissance de cette bonne intention ? On peut en douter.

          3) En 1673, à Pignerol, Fouquet adresse au roi un mémoire dans lequel il sollicite sa grâce en échange d’un secret que « Dieu lui a donné d’affaires si grandes et des desseins si importants qu’il lui ferait un sensible déplaisir qu’elles fussent perdues sans qu’on en eut connaissances » Dieu désigne-t-il ici Rome ?

          Que fit Louvois ? Il retourna le courrier et pria Saint-Mars de le brûler sous les yeux de Fouquet et de lui dire qu’il n’avait pas jugé bon de le présenter au roi.

          4) En 1680, peu avant la mort (officielle) de Fouquet, Lauzun qui, après ses rencontres clandestines avec Fouquet, vient de se fâcher à mort avec lui, propose à Louvois de lui livrer, si celui-ci favorise sa mise en liberté, un secret « au-dessus de tout ce qu’il [Louvois] peut imaginer »

          En résumé, un secret à connotation divine, au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer et qui risque de se perdre à jamais à la mort de ses détenteurs successifs (Poussin, Fouquet, puis qui ?). Jean-Chistian Petitfils évoque des ficelles de financiers, restons sérieux.

          Peut-être est-ce la raison pour laquelle Fouquet survécut à sa mort officielle ?

  12. Un événement d’ordre familial m’ayant éloigné longuement du suivi de ce site, je prie les lecteurs qui m’ont fait l’honneur de m’écrire d’excuser le retard apporté à leur répondre.

    Jeanne Barthélemy m’interroge sur la destinée du prisonnier Dubreuil. Celui-ci est resté à Pignerol après le départ de Saint-Mars pour Exilles. Libéré en 1684, il aurait été arrêté de nouveau en 1696 et conduit à Pierre-Encize en 1696, où il serait mort en 1711.

    M. Richard Barrette s’étonne que la correspondance « Louvois / Saint-Mars » n’ait pas été codée. J’ai examiné au musée de l’Armée à Vincennes des centaines de lettres de ce ministre et n’en ai jamais observé une de codée. Comme il en écrivait énormément, parfois 5 à 10 par jour, cela aurait été long et fastidieux. En revanche, Louvois, lorsqu’il le jugeait nécessaire, avait recours au style allusif. Par exemple, pour Eustache Danger il utilisait la formule : « le prisonnier que vous a conduit monsieur de Vauroy ».

    M. Ruffin me reproche d’avoir « éludé » les relations d’Eustache Danger avec Henriette d’Angleterre. Il n’existe à ma connaissance aucun document qui autorise à penser qu’Eustache Danger ait été un jour ou l’autre en relation avec Henriette d’Angleterre. Il s’agit là d’une hypothèse propre à Jean-Christian Petitfils. Laissons à César ce qui appartient à César. Observons que c’est en rapprochant la date de l’arrestation d’Eustache Danger et la mort à Candy du duc de Beaufort qu’est née une des thèses les plus récurrentes sur le Masque de fer.

    A entendre M. Ruffin, la thèse Fouquet n’aurait pas de mobile. Je suggère à ce monsieur de lire plus attentivement le chapitre où j’expose les motifs qu’avait Louvois d’empêcher Fouquet d’être libéré. Et où je cite d’autres affaires où le même Louvois a fait emprisonner à l’insu roi certains personnages qu’il craignait ou détestait.

    M Ruffin affirme que la famille de Fouquet lui a rendu visite en raison de sa santé. Je l’invite à produire un document officiel qui confirme cela. J’aimerais savoir également ce qui permet d’affirmer que l’attitude de Saint-Mars à la Bastille était celle d’un mythomane.

  13. Bonjour Monsieur,

    Votre thèse est très interessante et merci beaucoup de la mettre à disposition sur internet ! Une seule question pour moi, avez-vous des informations quant à la fin du prisonnier Dubreuil ? sait-on se qui lui arrive ?

    Merci beaucoup pour votre réponse,
    Cordialement,

    Jeanne Barthelemy

  14. Bonjour,
    Pour quelle raison les lettres échangées entre Saint-Mars et Louvois ne sont-elles pas codées? A-ton connaissance de certaines qui seraient codées?
    Merci
    Cordialement

    Richard

  15. votre étude est intéressante mais elle présente aussi beau coup de faiblesses. La vie de Eustache Danger n’est pas du tout analysée. Ses relations avec Henriette d’Angleterre éludées; le fait qu’après l’arrestation de Danger à Calais Henriette-Anne est obligée d’aller voir son frère à Londres est assez troublant. Cela renforce la thèse Danger-messager de Henriette.
    La thèse Fouquet se heurte tout simplement au bon sens: tout d’un coup celui-ci aurait un terrible secret. Quel est ce secret qui apparait soudain ? Il n’a de justification que de donner un mobile à cette thèse qui n’en n’a pas. On sait aussi que sa santé était délicate ( elle l’a toujours été d’ailleurs). Sa famille lui a rendu visite pour cette raison. On trouve témoignage de ces visites dans des nombreuses correspondances et mémoires. Et ce monsieur à la santé fragile va tout d’un coup tel Lazard retrouver la forme pour vivre à plus de 80 ans? Pas crédible.
    Enfin la personnalité du roué Saint-Mars n’est pas prise en compte. Quand on suit le personnage on se rend compte qu’il avait un orgueil démesuré et était mythomane. Son attitude à la Bastille l’établit clairement. La vanité de cet homme l’a conduit à raconter des histoires ( ses contes jaunes) pour conserver son importance. L’hypothèse Danger explique pourquoi Barbézieux ne donne aucune consigne à Saint Mars pour aller de l’île Sainte Marguerite à la Bastille car l’homme n’intéressait plus personne: la paix est revenue en Europe, le roi Charles est mort et les termes du traité secret de Douvres sont devenus de l’histoire ancienne. La seule thèse qui n’est pas prise en défaut est bien celle de Eustache Danger. Tirer argument par ailleurs de la ressemblance Danger, d’Angers ( origine de Fouquet) n’est pas digne du reste du travail qui, encore une fois , est remarquable même si pour moi il aboutit à une impasse digne… d’Alexandre Dumas.

    1. …Pas un frère jumeau, mais un enfant du même père que Louis XIV. Fouquet connaissait l’existence de ce frère qui habitait à la campagne et exerçait le métier de forgeron…

  16. Bonjour
    Je reviens sur ce passage concernant les propos tenus par Saint-Mars lors de son passage à l’île Sainte-Marguerite peu de temps avant que son prisonnier n’y soit amené.
    « Les soldats de la garnison de Sainte-Marguerite guettaient son arrivée avec la plus vive curiosité car deux mois plus tôt le nouveau gouverneur Saint-Mars, venu sur l’île pour lancer le chantier d’une prison, s’était livré, avant de repartir chercher son prisonnier, à d’incroyables confidences. Il n’y aurait pas en Europe, assurait-il, de prison comparable à celle-ci, que ce soit pour la sûreté et le confort. Elle était destinée à un homme « qu’il avait eu longtemps sous sa garde au donjon de Pignerol et qui devait mourir s’il disait son nom ». Sur quoi Saint-Mars avait ajouté d’un air entendu : « Il y a des gens que le public croit morts et qui ne le sont pas. »
    Pourriez-vous SVP me donner la source cette phrase attribuée à Saint-Mars : « Il y a des gens que le public croit morts et qui ne le sont pas » ?
    Merci d’avance
    Denis Biette, Cercle d’Histoire et d’Archéologie des Alpes-Maritimes

    1. Bonjour,

      Merci pour votre message. La source de cette citation est la gazette « Nouvelles ecclésiastiques » tenue par Monseigneur Louis Fouquet (le frère de Nicolas Fouquet) du 4 septembre 1687 :

      « M. de cinq mars a transporté par ordre du Roy un prisonnier d’état de pignerol aux iles de Ste marguerite personne ne sait qui il est il y a défense de dire son nom et ordre de le (tuer) s’il l’avoit prononcé on en a conduit d’autres (à) Pignerol, et celuy sans doute de la sorte il y eut un homme qui s’y tua, celuy cy etoit enfermé dans une chaise à porteurs ayant un masque d’acier sur le visage et tout ce qu’on a pu savoir de cinq mars est que ce prisonnier etoit depuis de longues années a pignerol et que tous les gens que le public croit morts ne le sont pas »

      Ce document est consultable à la Bibliothèque Sainte Geneviève Paris (Réserve, Mss, vol.1477, folio 396 verso)

      Vous trouverez une copie de l’extrait manuscrit original dans les Ressources du site : http://www.masque-de-fer.com/ressources/gazette-du-4-septembre-1687

      N’hésitez pas à vous mettre en relation avec moi si vous avez d’autres questions.

      Bien à vous,

      Claude Dabos

  17. Cher Monsieur Dabos,

    Je me permets d’évoquer à nouveau, la présence supposée ou réelle du masque de fer au Suquet. On lit, qu’un squelette a été découvert dans la cave de cette demeure. Qu’est-il advenu de ces restes humains ? l’adn a-t-il permit d’établir de qui il peut s’agir ?

    Merci beaucoup pour votre site.

    bien à vous.

    Lea Raso

    1. Merci pour l’intérêt que vous portez à mon site.

      Pourquoi Louvois n’a-t-il pas fait tuer Fouquet ? Bonne question c’est-à-dire question embarrassante.

      Certes les Le Tellier avaient souhaité la mort du surintendant au moment de son procès. « On ne sait, avait ironisé Turenne, si c’est Colbert qui souhaite le plus qu’il soit pendu ou si c’est Le Tellier qui redoute le plus qu’il ne le soit pas ! »

      Il est probable qu’en 1680 Louvois n’aurait pas hésité longtemps s’il avait pu éliminer Fouquet sans autre forme de procès. Mais il ne l’a pas fait. On est donc réduit aux suppositions.

      Pendant les 15 années précédentes Saint-Mars a eu le temps de se rendre compte que Fouquet méritait un certain respect. Qu’il pouvait peut-être rendre de grands services au Roi et à l’Etat. Que l’attitude du roi à son égard avait bien évolué. En 1679, les Fouquet et les Saint-Mars avaient même sympathisé.

      Si Saint-Mars a néanmoins fait disparaître Fouquet dans la clandestinité, c’est parce que Louvois lui en a présenté l‘ordre comme émanant du roi. Saint-Mars a obéi au souverain et à son ministre, quelque « énorme » ait été cette décision. Mais il n’est pas entré dans une complicité active. Pas un mot confirmant la mort du prisonnier. Et même une rébellion en 1687, avec l’allusion aux « gens que le public croit morts et qui ne le sont pas ».

      Il y a autre chose. Fouquet détenait un secret de grand intérêt pour le roi et l’état. Et ce secret risquait de se perdre si Fouquet mourrait. Saint-Mars avait retranscrit à l’intention de Louvois cette phrase du prisonnier : « Dieu m’a donné des lumières d’affaires si grandes et de desseins si importants, si faciles et si glorieux, que je lui ferais un sensible déplaisir qu’elles fussent perdues sans qu’on en eût connaissance. »

      En tuant Fouquet, on se privait à jamais de l’accession à un secret apparemment extraordinaire. Peut-être est-ce là l’une des clés de l’énigme.

      1. …Je suis d’avis que Louvois était suffisamment habile pour négocier un départ de clandestin de Fouquet vers l’Italie contre son secret.

  18. Bonjour Monsieur,
    Je voulais vous faire part de toute mon admiration pour votre enquête et son aboutissement tout à fait convaincant. Vous parvenez à la même solution que Mr Arrèse en 1969 mais vous y apportez des élèments passionnants qui semblent lui avoir fait défaut. Toutefois ce dernier terminait son ouvrage en communiquant le très troublant « détail des pensions », ce que vous ne faîtes pas (du moins, semble t’il car j’ai peut-être lu trop vite votre passionnante démonstration et je m’en excuse si besoin!).
    A n’en pas douter, la mort officielle de Mr Fouquet tombe trop à point nommé (pour empêcher sa libération et surtout l’empêcher de s’exprimer peut-être enfin librement sur la terrible injustice dont il avait été la victime) pour ne pas être éminemment suspecte!
    Je suis troublé par l’intervention plus que regrettable de Mr Gaultier de Claubry dans le caveau des Fouquet ; dans quel document ou dans quel ouvrage est relatée son intervention? N’y aurait-il pas eu moyen d’enquêter (avec l’aide peut-être de Mr Petitfils?) sur ce qu’est devenue cette dépouille anonyme?
    Enfin, je souhaiterais, s’il vous plaît, être tenu informé de la parution de l’ouvrage auquel vous travaillez et dont j’aimerais beaucoup faire l’acquisition.
    Par avance, un TRES GRAND MERCI et encore BRAVO!
    Bien cordialement,
    Pascal LOISON

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